Une course de la loose pour un week-end de poisse… en fin de compte, cette course ne s’est pas du tout passée comme je l’avais imaginé.
Départ le vendredi soir de Montréal après quelques problèmes avec l’agence de location de voiture… Un début de week-end un peu tendu…
3h de route et un Subway plus tard, on arrive à proximité de la course.
Petit point sur la course avec Niko… je commence à baliser sérieusement ! Peu de participants sur ce 10 km et des élites en nombre… bon bon, je me prépare mentalement à finir dernière mais je me conditionne tout de même pour apprécier de courir en forêt, en plein Québec et kiffer ma course au maximum…
Mais les choses ne vont pas vraiment se passer comme ça…
Petit point sur le profil de la course :
Samedi matin, préparation des affaires. Arrivée sur place vers 9h pour un départ à 12h.
L’organisation a bien fait les choses. On gare la voiture sur le parking prévu à cet effet et on monte dans le bus magique qui nous emmène au lac-beauport, la où se déroule la course.
La, je suis encore optimiste et enthousiaste.
On récupère vite notre dossard et on part encourager les traileurs partis sur le 30 km.
On fait un petit tour des environs et on découvre des petits coins sympas !
11h25, il est temps de partir s’échauffer. Vue l’heure, je ne veux pas manquer le départ donc je ne veux pas courir plus de 15 min. Avec Niko, on prend le chemin de la course à l’envers. Niko, lui, veut s’échauffer plus longtemps. Au bout de 7 min de course je me demande si je fais demi tour ou si je continue. Le temps de trouver la réponse cela fait déjà 10 min que l’on court…
Je fini par faire demi tour, laissant Niko continuer tout seul. Pour me rassurer il me dit “toute façon il suffit de suivre la signalisation bleu et tu retrouveras le départ. Je te rattraperai de toute façon”. La logique est bonne, je suis confiante.
Pis, j’ai toujours pu faire confiance à mon sens de l’orientation, plutôt bon pour une femme.
Donc je continue à courir. Depuis le début de l’échauffement, le parcours consiste à enchaîner racine sur racine, pierre sur pierre. Quand il n’y en a pas c’est parce que la boue a pris leur place.
Coup d’œil à ma montre, déjà 17 min que je cours. J’accélère car j’ai peur de louper le départ. Je ne devrais pas être très loin d’arriver mais au lieu de ça j’arrive à un petit ponton encore jamais vu… Je suis seule en pleine forêt. Le départ est dans 10 min. Je n’entends toujours pas le speaker supposé mettre l’ambiance mais surtout m’indiquer que je suis dans la bonne direction…
Bon, à l’évidence je suis perdue… je commence à paniquer. Je décide de faire demi tour en priant pour que Niko ait suivi le même chemin que moi. Je crie son prénom en mode je panique. Je cours à toute vitesse. J’enfonce mon pied dans la boue jusqu’à la cheville. Je crie encore. Et encore. Je cours encore comme une folle. Pis, la, miracle j’entends Niko qui répond à mon ultime cri de détresse. Je lui crie “je suis perdue” et il me répond que lui aussi…
Au moins je suis un peu rassurée de ne plus être seule en pleine forêt.
Au bout d’un moment on se rend a l’évidence, le départ est dans 8 min et on est perdus. On entend pas le speaker donc on tire un trait sur la course.
Niko décide de partir de son coté et ne veut pas m’entraîner davantage “dans ses galères”, comme il dit. Il me dit de continuer de suivre le chemin bleu pour être sure de retrouver mon chemin.
Je me retrouve donc une nouvelle fois seule en pleine foret et je décide de reprends le chemin a l’envers.
Je cours dans tous les sens et a vive allure et par miracle j’arrive a retrouver mon chemin. J’entends le speaker a mesure que je cours. Je fini par reconnaître le chemin. Je cours a fond. J’entends que le départ n’a pas encore été donné. Je peux peut-être y arriver. Je sprinte tant bien que mal parmi les racines.
Et quand j’aperçois les coureurs qui attendent le départ, je ne sais pas si je suis vraiment soulagée… D’un coté, je ne veux pas encore payer un dossard pour rien (après celui Ottawa 2 semaines plus tôt) mais d’un coté je me sens cramée et énervée et je n’ai pas du tout envie d’aller me “faire mal” avec ce dénivelé sur 10 km… Le mental n’est plus la (il était déjà pas brillant). Mon cœur va exploser, je suis essoufflée et déjà dans le rouge. Je cherche Elo mais sans succès. Et le speaker annonce le départ dans 15 seconde. Déjà ?! Bon ben je me suis pas dépêchée pour rien alors j’y vais. A peine le temps de me dire ça que les coureurs entament le décompte. Je me force a aller. C’est parti…
Une fois l’arche de départ franchie, je me mets a la recherche d’Elo le long du parcours. Je l’aperçois, je lui dis que j’ai perdu Niko, que je ne sais pas ou il est et je continue mon chemin… Et très vite j’en peux plus. Au bout de 2 min de course, mon cardio est a 183 BPM! Le parcours grimpe sur 2.5 km. Au bout de même pas 200 mètres, je marche. Mais je suis assez étonnée de voir qu’autour de moi, les autres marchent également. Je me trouve donc des copains de galère.
J’essaie de courir a plusieurs reprises. Mais impossible. Je n’ai pas de jus. Alors je marche. Je cours dès que c’est plat ou que ça descend et je suis essoufflée comme jamais. J’ai envie d’abandonner a chaque kilomètre. Je ne regarde que très peu ma montre d’ailleurs. Un homme devant moi fait de même. Je lui fais part de mon état il me propose gentiment de l’eau. Au bout de 2,5 kilomètres, mon compagnon de galère part devant et il me laisse jouer a “je te double, tu me doubles” avec une femme pas mal plus âgée que moi. La première fois je lui demande si elle veut passer, elle me dit que non car elle veut y aller tranquillement. Puis elle finit par me dire “je passe devant”. Je la laisse passer. Je la talonne et a un endroit boueux je repasse devant. On marche quand ça grimpe et on trottine quand on peut. Puis je fini par la distancer malgré tout et je rattrape mon compagnon de galère. Doucement mais sûrement.
Arrivée au ponton que j’avais croisé a l’”échauffement”, je regarde ma montre qui m’indique 5 km. C’est donc a cet endroit précis ou j’ai décidé de faire demi tour car j’avais la sensation d’aller trop loin dans le parcours. C’était juste la moitié du parcours quoi…
On s’arrête au ravito ensemble.
On aurait bien le temps de trinquer mais on se contente d’échanger quelques mots avec les bénévoles qui nous disent qu’on a bien raison de faire ça pour le plaisir tranquillement…
Bref bref bref.
C’est reparti. Coup soleil a ma montre et la je meure !! 5 km en 55 min… Presque une heure pour faire 5 pauvres petits kilomètre ?! Et je ne me vois pas du tout tenir encore 55 min comme ça ! Je vais vraiment mettre presque 2 heures a faire 10 km ? Mon mentale (pour ne pas dire mon ego) prend un sacré coup (et il était déjà dans un piteux état)…
En fait, je ne sais pas exactement a quel moment mais ma montre n’a pas réussi a me suivre et elle me compte moins de kilomètre que prévu. Quand j’arrive a voir le panneau du km 6 (oui parce que depuis le début de la course j’ai les yeux rivés sur le parcours tellement il y a des racines et des pierres non stop que je n’ai malheureusement pas le temps d’admirer le paysage !), ma montre elle n’affiche que 5.3 km… Je ne peux plus me fier a elle.
Je me mets a papoter avec mon nouveau copain. C’est chouette de rencontrer du monde sur les courses. J’apprends notamment qu’il organise les courses gourmandes. Tiens, je connais ! Il s’agit de plusieurs courses originales a thème un peu partout au Canada.
S’il en chie un peu moins que moi, le veinard, il reprend tout juste la course a pied et préfère y aller doucement.
On fera un bon bout de chemin ensemble (sur le trail, hein, n’allons pas trop loin voyons) a discuter, se soutenir et essayer de faire passer le temps (oui parce que je suis en train de courir les 10 km les plus longs de toute ma vie !)
Après le dernier ravito, il part en tête. Je n’arrive plus a le suivre et je termine cette course en solo. La fatigue physique arrive après la fatigue mentale. Les derniers kilomètres sont difficiles. Je manque de me fouler la cheville a chaque pas. Je ne suis plus vigilante et le parcours devient dangereux pour moi. Je veux juste arriver au bout et que ça se termine… #svpachevezmoi
Quand je reconnais la fin du parcours que j’ai déjà “emprunté” lors de mon “échauffement”, je suis heureuse de savoir que la fin est proche (oui mes amis, la fin est proche !)
J’entends le speaker. J’ai comme un sentiment de déjà vu, mes deux chevilles et mon amour-propre en moins…
A l’approche du dernier virage, j’aperçois Elo qui a retrouvé Niko. Un petit pouce vers le bas pour résumer ma course et mon état et c’est parti pour la montée finale (oui ça grimpait un chouia sur la dernière ligne droite histoire de nous achever si ce n’était pas déjà fait).
CA Y EST ! J’y suis ! C’est fini !
Je me rends compte que je vous ai épargné les moments de chouinage ou les larmes mêlées a ma respiration de phoque a l’agonie, je me suis surprise a ne plus pouvoir respirer. Il a bien fallu que je me calme rapidement dans ces moments-la.
Mais une fois la course terminée, ma médaille autour du cou (que je ne brandi pas fièrement du tout), je n’ai pas pu me contenir plus longtemps et les nerfs ont lâché. Pendant de longues minutes. Je n’arrivais plus a me calmer.
Puis il a bien fallu sortir de ma bulle et revenir a la réalité. J’ai retrouvé les copains et j’ai pu profité d’une sacrée collation a base de mini sandwich, gâteaux, pastèque, bretzels et bonbons.
Alors oui je suis allée au bout. Oui je peux dire je l’ai fait. Mais je ne reste pas moins une coureuse sur route. Je suis a deux doigts de tirer un trait sur le trail (mouahahah joli choix de mots. Oui je sais je me lance des fleurs…). Le problème, c’est de toujours vouloir m’améliorer. Mais la, je dois avouer qu’il y a trop de boulot…
Le petit mot que j’ai reçu et qui m’a console et fait relativiser ?
Ma copine d’enfance, qui ne court pas, et qui me dit “Quoi ? Tu cours pour t’échauffer avant un 10 km ? Ah ouai t’es forte quand même t’as un bon niveau !”
C’est tout bête, mais vu comme ça, effectivement mon petit niveau me convient.
Alors oui j’en ai chié comme un polaque pour finir ces 10 km. Oui, j’ai énormément marché.
Mais j’ai failli ne pas pouvoir prendre le départ (comment ça, ça aurait été peut-être pas si mal ?! Qui a dit ca ?)
Mais je ne m’étais pas entraîné (je ne fais jamais de travail en cotes ou en dénivelé).
Mais je n’ai pas abandonné.
Mais je suis allée au bout de cette course alors que d’autres n’y mettrons jamais les pieds.
Mais c’était pas plus dur que d’accoucher (véridique d’après un panneau sur le parcours).
Mais j’ai gagné une médaille comme dirait certaines personnes ! (et un énorme bouton de moustique. Ah les joies du printemps au Québec !)
Mais je n’ai pas terminé dernière tout classement confondu !
Mais ça tombe bien mes objectifs de fin d’année se feront sur route.
Mais… Qu’est-ce qui m’a pris de m’inscrire a un trail?!
Pour les chiffres ça se passe en image :
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