Et voilà mon premier dossard de l’année. Il faut dire qu’il est assez rare d’accrocher un dossard à cette période de l’année ici au Canada. Mais le demi-marathon hypothermique a lieu tous les ans à Montréal vers la Saint-Valentin. N’y voyez aucun lien avec cette fête, mais pour honorer son titre d’hypothermique, cette course a lieu la semaine ou il fait souvent le plus froid par ici…Par exemple, l’année dernière, il faisait -40 à la Saint-Valentin (l’occasion de te vêtir de ta plus belle combinaison de ski et moonboots pour l’occasion…)
Pas pu m’empêcher d’avoir cette photo en tete…
C’est donc durant cette semaine que j’ai logiquement décidé d’attraper froid (#sarcasme). Repos mercredi, jeudi et vendredi. Samedi, j’en étais encore à essayer de respirer par mes deux narines et l’idée de courir la moitié d’un semi-marathon ne m’enchantait pas du tout…
Mais ce semi-marathon en relais, c’est moi qui l’avait proposé à un ami pour sa première course officielle. Je me suis légèrement sentie dotée d’une mission que je ne pouvais refuser…
Par chance, dimanche matin, lorsque le réveil sonne à 6h20, je me sens mieux. Après un petit dej de champion avec le Formule 1 sport Herbalife, c’est légèrement à la bourre que je sors de chez moi à 6h55… Je cours jusqu’au métro rejoindre mon ami, les tibias légèrement douloureux (Oh non pas aujourd’hui svp !), et j’arrive quelques minutes plus tard pour découvrir que le métro passe dans 8 min #fail
Arrivés sur place, retrait de la trousse (comprenez le dossard et les goodies). Chaque coureur a droit à un sac à dos et un bonnet presque po(r)tables.
Nous avons donc une petite heure à attendre avant le départ. J’ai préféré partir en premier. Pour être débarrassée le plus vite possible (tu la sens ma motivation la !?) Ce sera donc moi qui vais courir les 10.55 premiers km avant de donner le relais a mon ami.
Après un petit 1.6 km d’échauffement toute seule, on patiente a l’intérieur puis dehors. Et la j’ai froid. Je ne sens plus mes mains ni mes orteils ! Malgré mes gants et mes chaussettes en laine de mérinos… Il fait -12 degrés et nous sommes entourés de neige…
Faut vraiment que j’aille courir la maintenant ?!
Cette année, l’organisation a décidé d’interdire le port d’écouteurs… Moi qui ne cours jamais sans musique et qui aurait vraiment besoin d’être boostée vues les conditions, je vais devoir faire sans…
Donc si on fait le compte, je dois courir :
- 10.55 km
- malade
- sans musique
- par -12 degrés
- dans la neige et le verglas
- avec des orteils mourrus juste avant le départ
Bref, ca va bien se passer…
Apres une hésitation sur le port de mes Yaktrax (merci Sylvain pour le tuyau) pour courir dans la neige mais surtout le verglas, puisque je les ai prise avec moi, autant les mettre ! Et j’ai bien fait !
Oui oui la fille a gauche c’est moi !
Le départ est donné à 8h30 pour tout le monde… sauf pour nous. Les relayeurs partent 5 min après. Et donc pour la première fois de ma vie, j’ai la chance de partir première sur la ligne de départ mouahahahah ! SAS préférentiel, un régal !
Nous voilà tous (soit, au moins 10 coureurs pour cette première partie de relais ah ah) élancés. Oui, il y a foule au départ ah ah !
Et j’aurai pu battre des coudes pour garder ma première position mais y a tellement d’espace (rare sur un départ de course officielle que je me devais de le souligner !) qu’il m’est impossible d’abattre mes « adversaires » ah ah (humour hein!)
Ils partent à fond les ballons. Moi, comme d’habitude, je me laisse doubler. On est déjà à moins de 6’/km donc bon on va se calmer les cocos quand même. J’ai pas l’habitude moi !
5 personnes partent en tête.
Et très vite, on rattrape les marcheurs puis les coureurs partis 5 min plus tôt.
Et pour la première fois de ma vie, je double des coureurs sur cette distance !!!!!!
Bon, ok, certains courent le semi mais d’autres font 10 km aussi. Et ils n’ont pas tous le bon équipement non plus. Mais c’est bon pour le moral (c’est bon pour le moral, c’est bon bon… Oui pour la chanson dans la tete c’est cadeau ^^)!
Mes orteils sont douloureux alors qu’on a même pas fini le premier kilomètre.
Là, je n’ai qu’une envie c’est d’être déjà arrivée… Alors je fais ce qu’il est strictement déconseillé sur une compétition, je pars vite. Je veux juste arriver le plus vite possible et mettre mes pieds au chaud !
Premier kilomètre couru à 6’00/km pile poile ! Même pas fait exprès car il m’est impossible pour moi de regarder le chrono tellement j’ai froid aux mains, je les garde au chaud dans mes manches…
« Légèrement » glissant par endroit
Je me trouve derrière deux relayeuses qui ont l’air de courir ensemble.
J’en double une qui commence a lâcher. Et je me retrouve à talonner la deuxième. A un moment celle-ci demande si ça va, se retourne et voit que ce n’est plus son amie mais moi qui la suit à la trace. Elle s’excuse sans se douter que, ça y est, j’en ai fait ma carotte. On a le même rythme pour l’instant donc je la suis et on double et on double encore.
Entre le km 3 et 4, un orteil de mon pied gauche me fait souffrir a chaque fois que je pose le pied par terre… Je l’imagine tout raide dans ma chaussure et ça me fait doucement sourire (vous devez me trouver bizarre et vous avez le droit ah ah ! La fille est en train de perdre son orteil et ça la fait rire… Aaaaah les endorphines…)
Mais je ne veux tellement pas lâcher ma carotte que je la suis de près. Et peut-être d’un peu trop près… Parfois je manque de lui “marcher dessus” (je crois que c’était un bon signe de ma détermination). Tellement près, qu’à un moment je me sens obligée de lui avouer qu’elle est mon lièvre. Elle me répond que c’est marrant on a la même foulée car elle m’entend.
A un moment je reconnais un bout de parcours, sur le circuit de formule 1, ou Niko m’avait rejoint sur le 5 km l’an dernier pour terminer la course avec moi. Ça me booste d’y repenser. Et ce jour-là, il ne restait plus longtemps avant l’arrivée. Je prie intérieurement qu’il en soit de même la maintenant mais un coup d’oeil à ma montre anéanti très vite mon espoir. Nous n’avons parcouru que la moitié de la course…
Et en effet, au lieu de continuer sur le circuit, on s’échappe pour un kilomètre dans le parc de l’île notre dame.
Je commence a manquer un peu de jus mais je tiens bon.
Au kilomètre 7, ma carotte m’échappe et file. A partir de la, je passe au dessus des 6’00/km mais jamais bien loin.
Le point positif c’est que mon pied gauche s’est réchauffé et le droit est en bonne voie !
Je me fais violence pour ne pas lâcher et je continue à doubler quelques personnes. En tout cas je note que je ne me fais pas doubler et c’est déjà ca ah ah
Pas loin du 8 kilomètre, un jeune homme film la course avec son téléphone en nous criant “v’z’etes capable, v’z’etes capable, v’z’etes capable”. Et s’il avait raison ? Si j’étais capable de boucler ces 10 km en moins d’une heure ? Ca fait presque 3 ans que j’attends de le faire. Je me dis que j’ai fait le plus dur du travail, que je ne peux pas abandonner maintenant. Qu’il est enfin temps que je me prouve à moi-même que je peux passer sous la barrière des une heure.
La, je me dis qu’il est temps de sortir encore plus de ma zone de confort. Ca devient difficile mais je peux pas ralentir maintenant. Je ne peux pas voir encore une fois mon objectif me glisser entre les doigts. Je pense à Denis et Niko qui me disent toujours #IKnowYouCan et je décide de leur faire confiance. S’ils croient en moi, pourquoi pas moi ?
Alors c’est parti, je vais le chercher ce record…
Après 8.7 km de course, ça grimpe. Et je peux vous dire que la, ça devient très dur pour moi de pas ralentir. Ca y est je respire comme un poney asthmatique et mes mollets me crient d’arrêter. Mais je ne peux pas, j’ai un RP à aller chercher… Je manque de me casser la figure quelquefois sur la neige/glace mais j’essaie de rester vigilante. Et je donne tout jusqu’au bout. Je me bats contre ma respiration et mes jambes mais hors de question de lâcher si près du but. Je vois le chrono qui avance et la distance qui ne défile pas assez vite a mon gout alors je continue et je donne mon max.
A l’approche de l’arrivée, je me dirige à gauche pour repasser sous l’arche de départ et je vois 3 personnes qui attendent pour partir. J’avoue avoir eu du mal à reconnaître mon ami, vêtu tout en noir avec une cagoule ne laissant paraître que ses yeux !!!
Ah la bonne idée de faire un relais en plein hiver au Canada !
Lui semble me reconnaître j’en déduis qu’il s’agit de mon coéquipier. Ce n’est qu’une fois que j’entends sa voix que je suis sure a 100% de donner mon dossard a la bonne personne.
Le temps d’attacher son dossard, le voilà parti et moi je m’aperçois que j’ai oublié d’éteindre mon chrono…
Et c’est une fois le chrono arrêté que ma montre me félicite pour mou nouveau record. Le suspense est à son comble quand je vois à l’écran défiler le message « Bravo ! Nouveau record ! 10 km – 59’55″ ! I DID IT !!!!!!! De justesse mais je l’ai fait quand même !!!! Malgré les conditions j’ai réussi ! Et pourtant, aucune larme de joie… Étrange après un objectif poursuivi depuis plusieurs années, raté de peu plusieurs fois… Mais non rien !
Cote chiffres ca donne ca :
J’attends la fin de la course pour mon ami avec sa chérie, au chaud, avec le tracker qui nous indique sa position. On sait donc a peu près quand il devrait arriver.
On le trouve au 9eme kilomètre, juste au début de la dernière portion, celle ou ça grimpe bien et il nous dit “je suis mort!!!”. On l’encourage avant de rejoindre l’arche d’arrivée.
Une fois franchie, on récupère notre médaille et il est temps de faire un petit topo sur cette première expérience pour lui.
C’est l’heure aussi de se régaler avec un véritable brunch offert a tous les coureurs !
Mon ami m’apprend qu’il a double 3 relayeurs sur son parcours. Mais n’a pas reussi a doubler le premier… Donc si ses calculs sont bons, nous devrions terminer deuxieme relais !!
Et c’est au moment de la remise des prix qu’effectivement nous apprenons que notre duo des « morts de froid » (oui, nous manquions terriblement d’imagination le jour de l’inscription !) termine médaille d’argent ah ah !!!
Et hop une deuxième médaille a mettre autour du coup pour ce jour et une carte de cadeau de 30 dollars a dépenser dans la boutique de running partenaire de la course.
Nos résultats :
Et donc me voilà avec un nouveau record sur 10 km sur mon premier dossard de l’année. 2017 commence donc très bien ! Et je vois ma motivation redoublée de constater que tout travail finit par payer un jour (oui, j’avais commencé à en douter…) !
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