Nous voilà bientôt mi-novembre et dans un mois je termine mon contrat en tant que Volontaire International en Entreprise à Montréal, au Canada.
A ce moment-là j’aurai passé deux ans en tant qu’expatriée à 6 000 km de chez moi.
Alors naturellement, je commence à me repasser les 24 mois qui viennent de s’écouler dans ma tête.
Je me revois il y a deux ans, préparant mon voyage (j’en parlais ici déjà)
Cette expérience a été tellement formidable ! Et surtout exactement à la hauteur de ce que j’espérais ! Des voyages, des amis, des découvertes de toutes sortes, des expériences inédites, un nouveau job !
Alors pourquoi depuis 5 mois l’envie de rentrer en France ne me quitte pas ?
Pourquoi, alors que beaucoup de choses sont “mieux” ici, mon coeur, lui, rêve d’être là-bas ?
Je crois que déjà je peux dire que tout simplement, je ne me sens jamais autant chez moi que lorsque je rentre en France, dans MA ville de coeur et chez mes parents.
Ici, je me suis construit un petit nid douillet comme j’ai pu, mais je ne suis pas sûre d’avoir réussi à trouver des repères. En tout cas, mes repères francais me manquent !
Alors au début, des repères on n’en a aucun et c’est normal. Je dirais même qu’au début, des repères, je n’en voulais pas ! Je ne rêvais que de nouveautés, surprises et découvertes ! J’ai été servie. J’ai été comblée même ! Je n’aurai jamais imaginé courir le semi-marathon de New-York, j’osais à peine rêver de partir à la conquête de “l’Ouest” Canadien et encore moins goûter à l’exotisme des Caraïbes.
Je me suis émerveillée de nombreuses choses. Des choses différentes de mon quotidien francais: les poils de nez qui gèlent, la neige qui tombent durant des jours et des jours, les expressions de la langue québécoise, la gentillesse et l’ouverture des gens, leur générosité, entendre parler deux langues différentes tous les jours (et parfois dans une même phrase), oublier la mode et porter le même manteau et les mêmes chaussures pendant 6 mois (j’exagère à peine avec la neige!) et j’en passe !
Faut dire qu’en arrivant à Montréal en plein hiver canadien, ca m’a sacrément changé de Toulouse et son climat du sud de la France !
Mais en tant qu’expatrié on est étranger dans notre pays d’adoption et dans lequel on vit notre quotidien, mais on est aussi étranger parfois quand on retourne dans notre pays d’origine.
Etre expatrié représente aussi beaucoup de paperasse, d’argent, d’énergie, de stress, de patience pour courir après un visa (permis de travail temporaire, résidence permanente voir même citoyenneté pour les plus courageux).
A lire et entendre certaines personnes, il est inconcevable de rentrer en France. Je suis consciente des points positifs qu’offrent le Québec. Un meilleur salaire, une facilité pour trouver un emploi dans mon domaine, une grande facilité pour trouver un logement, la sécurité dans les rues, la mentalité et le respect des personnes… Et puis, Montréal est une ville formidable que j’adore ! Son centre ville et ses buildings, ses petites maisons et sa multitude d’escaliers, ses nombreux parcs, ses festivals et événements à foison, ses activités l’été, sa proximité avec les Etats-Unis, sa proximité avec les grands parcs où randonner et où passer l’hiver au coin du feu…
Et pourtant, la ville me donne le cafard par moment. C’est comme si elle avait perdu de sa magie. Certains endroits me donnent le blues. J’ai visité les mêmes lieux plusieurs fois. Je deviens tannée de certaines choses qui m’émerveillaient avant. Je suis comme un peu lassée d’être là parfois. Oui, je suis lassée de certaines choses ici. En même temps, la plupart des choses qui étaient nouvelles au début sont devenues habituelles.
Je vois maintenant le mauvais côtés de certaines choses. Et contrairement à ce que certains disent et pensent, oui, moi j’en vois ! (si si, tu peux vraiment te faire virer le jour même de ton boulot ! Tu ne passes pas par la case départ et ne touches pas 20 000 francs)
Et ainsi, ma tête ne cesse de se replonger au coeur de la ville rose, sur la place du Capitole, dans les petits resto du sud-ouest, dans mes endroits préférés, dans les bleds paumés de la campagne où je rêve de recourir… Des choses toutes bêtes, toutes simples, que j’ai tellement envie de retrouver !
Il faut dire que je n’ai pas quitté la France car je ne la supportais plus. J’adorais ma vie à Toulouse ! J’ai juste eu envie de nouveauté et surtout j’ai eu une opportunité de dingue à saisir ! Et je ne le regrette pas !
Vous commencez à me connaitre, cette philosophie ne me quitte jamais. Vivre sans regrets.
C’est important pour moi de jeter un oeil sur mon passé et ne rien regretter.
Et l’expatriation c’est quelque chose de pas toujours facile à vivre avec (enfin plutôt sans) l’entourage.
Je ne compte pas le nombre de fois ou j’ai voulu prendre ma voiture et faire les 2h de route qui me séparaient de ma famille depuis Toulouse. Ca aussi, ca me manque ici, le fait de ne pas avoir la voiture ! C’est fatiguant à force de devoir tout faire en transport et devoir jouer avec la logistique de louer une voiture pour sortir de la ville…
Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai rêvé d’un spa avec mes copines ou d’un après-midi improvisé chez les copains.
J’avoue qu’avant de partir, je me pensais être largement capable de passer au-dessus de ce manque (celui de mon entourage hein, pas de la voiture). Mais la réalité a été différente de ce que j’imaginais. Le plus dur, c’est de manquer pleins d’événements marquants et important pour ceux que tu aimes. Les problèmes de santé, hospitalisations, les naissances et les mariages. Même si j’ai réussi à être présente à un mariage chaque année, les 3 qui arrivent l’année prochaine me rappellent à l’ordre. D’un point de vue financier et surtout vacances, il sera clairement impossible pour moi de faire ce que je veux si je reste au Canada.
Il y a aussi le côté personnel des choses. Je veux dire par là que les choses qui m’arrivent et se passent dans ma vie doivent se faire loin de ceux que j’aime. Et je ne sais pas si j’ai envie de construire ma vie et ma famille loin d’eux.
En gros j’ai adoré mon expérience de vie ici mais le mal du pays semble s’installer petit à petit.
Alors le doute est là. Beaucoup de questions trottent dans ma tête.
Rester au Canada ?
Tenter une nouvelle expérience professionnelle ici ?
Donner une nouvelle chance à l’expatriation ?
Rentrer retrouver mes repères, ma famille, mes amis ?
Prendre le risque que mon retour ne passe pas comme je l’imagine ?
Risquer de déchanter et vouloir revenir ?
Et si je ne trouve pas de travail ?
J’ai peur de rentrer en France puis de regretter et vouloir revenir (sachant que je peux revenir). J’ai peur de rester ici puis vouloir encore rentrer et avoir perdu du temps.
Mais c’est souvent la peur qui nous empeche de faire quelque chose non ?
Il y a tellement de personnes qui affirment que le Canada c’est l’eldorado que forcément je culpabilise un peu de ne pas avoir envie d’en profiter davantage.
Alors, aujourd’hui je pose ca là. Ces mots, j’avais besoin de les écrire. Il fallait que ca sorte comme on dit.
Et si ca me permet d’échanger avec des expat sur ce sujet ce serait avec plaisir !
C’est mon ressenti. Ma vision des choses en ce moment.
Mais d’un coté si je ne tente pas je ne pourrais pas savoir…
Je sais ce que vous allez me dire, et vous avez raison, moi seule peut prendre la décision.
Affaire à suivre…
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